REVELATION –  REVOLUTION

 

Réalisée au fil de la campagne présidentielle française qui s’est tenue au printemps 2017, l’exposition d’Odile Bernard Schröder, REVELATION – REVOLUTION, vous permettra de voir des photographies des affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre qui ont émaillé la campagne, des captures d’écrans d’émissions politiques, des photographies d’affiches électorales défigurées ainsi que des natures mortes-vivantes et des chimigrames. Ce qui pourrait apparaître comme une confrontation d’images de nature différentes – d’un côté celles représentant des fragments du monde tangible, de l’autre celles issus d’un outre-monde généré par les processus chimiques -, fait aux yeux de l’artiste écho à la trame narrative et visuelle mise en œuvre par les élites politico-médiatico-sondagières et servie durant ce moment décisif de la vie démocratique d’un pays. Un moment pourtant réduit à un spectacle composé d’autant de metteurs en scène, d’entrepreneurs entrepris, d’hypnotisés hypnotiseurs, de dégagistes dégagés …

Par le recours à la tradition ésotérique et à la magie de l’accident chimique, REVELATION – REVOLUTION propose de vous révéler la nature fantasmagorique du spectacle qui s’est jouée en France récemment et qui a été proclamé par le plus fameux de ses représentants – maître du temps de descendance olympienne -, comme une Révolution. Un spectacle qui n’a pas manqué et ne manquera pas de se jouer également près de chez vous. Les mandragores, les égrégores, les cadors et autres Seigneur des mouches convoqués par OBS pour l’occasion, constituent donc les protagonistes invisibles et désormais dévoilés de cette dramaturgie.

Leur rencontre sous la forme d’images capturées, détournées, trouvées, torturées ou crées ex-nihilo sont autant de brèches, d’effractions dans le flux permanent  de l’iconosphère politico-médiatique. Elles participent d’un arrière fonds de croyances, d’une recherche d’extase et d’hallucination collective où la raison a peu à voir avec la prise de décision finale du citoyen. Renversement des valeurs: « Si vous m’avez compris, c’est que je me suis mal exprimé ». Le dispositif mis en place par OBS, avec ses accents situationnistes, ne vise pas tant à interroger le monde dans lequel vous vivez que la représentation du monde qui vous est soumise par écrans interposés. Les choses qui ont été en contact continuent en effet d’agir l’une sur l’autre alors même que le contact a cessé. Dans cette perspective, avec REVELATION – REVOLUTION, initiez-vous en notant l’attention particulière d’OBS non seulement pour ce qui est représenté mais aussi à la manière dont ces images se présentent à vous. Qu’il s’agisse des papiers photosensibles anciens, dernières preuves matérielles d’une industrie et d’un monde révolus, qui sont les supports sur lesquels l’artiste fait apparaitre les fantômes. Ou qu’il s’agisse enfin des mains qu’OBS utilise pour réaliser ses propres tirages et qui contrairement à celles posées sur vos écrans noirs gardent le pouvoir de façonner la matière.

 

Odile Bernard Schröder’s REVELATION-REVOLUTION came about during the
course of the recent French presidential campaign, in the spring of 2017. The series of photographs depicts the clash between demonstrators and police forces, along with screenshots from political shows on television, photographs of torn election posters, as well as living still lifes and chemigrams. What could be seen as a clash between images of entirely disparate genres — those of the physical world and others from beyond, generated through chemical processes — creates a narrative echo produced by OBS based on the visual intrigue conjured up by the political-media-polling elites, served up at the most decisive moment in the democratic life of a nation. This moment has been reduced to a spectacle crafted by so many directors, actors, entrepreneurs undertaken, hypnotized hypnotists, ‘dégagistes dégagés’….

REVELATION-REVOLUTION, through its reversion into the esoteric tradition and the magic of chemical happenstance, condenses the phantasmagorical nature of the event, which has been hailed by its most famous actors and the “master of time” from Olympus as a Revolution. A spectacle that played out and will continue to play out right before you! Mandrakes, Egregores, Aces and other Lords of the Flies, conscripted by OBS and invisible, now unmasked, the protagonists of the drama. The juxtaposition of images—captured, inverted, discovered, tortured, or created ex nihilo—breaches the constant stream of iconospheres of politics and media. These images come from the depths of faith, a pursuit of ecstasy and the conjuring up of a collective hallucination, wherein reason has little to do with coming to a conclusive decision by the populace. It’s an inversion of the value statement, “If you understood what I said, I must have misspoken.”

The apparatus set up by OBS, with its situationist accents, is not intended to cast the state of the world in doubt, but merely to question its representation on our television screens. Yet, remember that things that come together at one point continue to act on one another, even if they’re no longer in proximity. So, delve in and initiate yourselves from this perspective. Notice how in REVELATION-REVOLUTION, OBS devotes particular attention not only to what is depicted, but also to the way images reveal themselves to you. On old, light-sensitive papers, artifacts of
long-forgotten industries and worlds, unveiling ghosts of the past before you, using a hand to make prints which — in contrast to yours, touching black screens — continues to hold the power to shape matter.